Les problèmes éprouvés par les rédacteurs scientifiques canadiens dénoncés lors du congrès de l’AAAS.
Les participants au congrès annuel de l’Association américaine pour l’avancement de la science (AAAS) ont eu la surprise d’entendre des journalistes se plaindre du contrôle exercé par le gouvernement fédéral sur ses propres chercheurs, qui se voient soit dicter leurs réponses aux questions des médias, soit même interdire d’y répondre. La séance d’information lors de laquelle cette situation a été dénoncée a fait grand bruit dans les médias du monde entier.
Devant une salle comble, un groupe composé de représentants de plusieurs organisations, parmi lesquelles des associations de rédacteurs scientifiques canadiens, a tenu à dénoncer ce problème, apparu en 2008 peu de temps après l’élection du gouvernement conservateur de Stephen Harper. « Les choses sont par la suite allées de mal en pis », a expliqué Margaret Munro, journaliste scientifique du service Postmedia News, à Vancouver. La séance d’information a été enregistrée et peut être visionnée sur Internet.
Mme Munro a été l’une des premières à faire état de l’existence du problème au Canada, il y a trois ans, après avoir mis la main sur un document d’Environnement Canada énonçant les changements apportés en matière de politique de communication et imposant que les demandes des médias soient transmises au Conseil privé. « Cette nouvelle orientation s’est ensuite étendue rapidement à divers autres ministères et services », a-t-elle ajouté, citant dans la foulée plusieurs exemples de chercheurs qui se sont vus interdire de parler à la presse.
Le cas le mieux connu est celui de Kristi Miller, chercheuse à Pêches et océans Canada et auteure de recherches sur le saumon sauvage du Pacifique. Selon les conclusions des recherches de Mme Miller sur le déclin des populations de saumon en Colombie-Britannique, publiées dans la revue Science, les poissons auraient pu être exposés à un virus associé au cancer, possiblement issu de l’industrie piscicole. À la suite de la publication de ces conclusions, la revue Science a publié un communiqué de presse citant Mme Miller comme principale personne-ressource. Or, la chercheuse se serait vue interdire de répondre aux médias.> Continuer